Le Kan Ben est une coutume essentielle dans la culture bouddhiste du Cambodge. Cette période de quinze jours précède le grand jour de Pchum Ben, une fête religieuse dédiée aux ancêtres. Pendant ces deux semaines, les familles apportent des offrandes aux pagodes pour honorer les âmes des défunts, accumulant ainsi du bon karma. Profondément ancrée dans les croyances bouddhistes Theravada, cette tradition est un moment clé pour les Cambodgiens afin de rendre hommage à leurs ancêtres et d’assurer la continuité des rites religieux.
Qu’est-ce que Kan Ben ?
Le Kan Ben est une tradition qui fait partie de la grande fête de Pchum Ben. Il s’agit de quinze jours pendant lesquels les familles se rendent dans les pagodes pour offrir de la nourriture aux moines et ainsi honorer les âmes des ancêtres décédés. Ces offrandes ont pour but d’accumuler du mérite, appelé punya dans le bouddhisme, qui est ensuite transféré aux ancêtres, surtout à ceux qui n’ont pas eu la chance de recevoir des rituels après leur mort.
Les Cambodgiens croient que les esprits des ancêtres, en particulier ceux condamnés à errer dans les enfers en raison de mauvais karma, peuvent bénéficier de ces offrandes pour atténuer leurs souffrances.
Origine de la tradition
Les racines de Kan Ben sont liées aux anciennes croyances hindoues et animistes, qui prévalaient avant l’introduction du bouddhisme Theravada au Cambodge. Avec l’adoption du bouddhisme, ces croyances se sont intégrées aux pratiques spirituelles cambodgiennes. La période de Kan Ben et de Pchum Ben correspond aux jours où les âmes des ancêtres quittent l’enfer pour recevoir des prières et des offrandes de leurs descendants encore vivants.
Cette tradition met en lumière la notion centrale de karma dans le bouddhisme : les actions que nous accomplissons durant notre vie influencent notre sort après la mort. Pour les Cambodgiens, le Kan Ben est une manière de prendre soin des ancêtres afin de s’assurer que leur karma soit allégé.
Déroulement des 15 jours
Durant les quinze jours de Kan Ben, les familles apportent des offrandes quotidiennes aux pagodes. Chaque jour est associé à une pagode particulière, et les fidèles doivent rendre visite à plusieurs pagodes au cours de cette période. Les offrandes typiques comprennent :
- Du riz (un aliment de base au Cambodge),
- Des fruits locaux comme les bananes et les mangues,
- Des gâteaux traditionnels (num ansom et num kom),
- Des bougies et de l’encens.
Les moines jouent un rôle central dans cette coutume en priant pour les âmes des ancêtres et en redistribuant les mérites des offrandes. Ces prières permettent de libérer les âmes souffrantes des enfers et de leur offrir un passage vers une meilleure réincarnation.
Le rôle des esprits et des ancêtres
La croyance selon laquelle les esprits des ancêtres reviennent pendant cette période est centrale dans la tradition de Kan Ben. Les esprits connus sous le nom de Pret sont souvent décrits comme des âmes errantes, incapables de se nourrir ou de boire. Ils attendent les offrandes faites par leurs descendants, qui, une fois bénies par les moines, peuvent être consommées spirituellement par les ancêtres.
Ces esprits affamés sont souvent ceux qui ont accumulé du mauvais karma de leur vivant et qui ont besoin des prières et des bonnes actions de leurs descendants pour alléger leurs souffrances.
Le dernier jour : Pchum Ben et son lien avec Kan Ben
Le quinzième jour est le jour principal de Pchum Ben, marquant la fin de la période de Kan Ben. Ce jour-là, les familles se rassemblent dans les pagodes principales, souvent des temples historiques ou importants, pour des cérémonies massives en l’honneur des ancêtres. Les chants bouddhistes, appelés parittas, sont récités pour protéger les âmes des défunts et les guider vers la paix.
Ce jour est également l’occasion pour les Cambodgiens d’organiser de grands repas familiaux et d’offrir de la nourriture aux pauvres et aux moines, renforçant ainsi la solidarité communautaire et la transmission du mérite aux ancêtres.
L’impact dans la société cambodgienne aujourd’hui
Aujourd’hui, le Kan Ben est toujours une tradition très respectée au Cambodge, même parmi les Cambodgiens de la diaspora. Beaucoup rentrent chez eux à cette période de l’année pour honorer leurs ancêtres. Les écoles, les entreprises et les administrations ferment souvent pour permettre aux familles de participer aux rituels.
C’est également un moment important de transmission culturelle pour les jeunes générations, qui apprennent à travers cette pratique l’importance de la piété filiale et du respect envers les ancêtres. Dans une société moderne en évolution rapide, Kan Ben conserve son rôle de ciment social et spirituel.
Kan Ben : Une tradition de solidarité et de partage
Le Kan Ben est non seulement une tradition religieuse mais aussi un moment de charité et de solidarité. Les familles, en plus de rendre hommage à leurs ancêtres, donnent également aux moins fortunés, renforçant ainsi l’esprit de compassion bouddhiste. Dans les zones rurales, cette période est particulièrement marquée par des actions collectives pour aider ceux dans le besoin, qu’il s’agisse de nourriture, de vêtements ou d’autres formes de soutien.
Conclusion
La tradition du Kan Ben est un pilier de la culture cambodgienne, alliant spiritualité, respect des ancêtres, et solidarité. Profondément enracinée dans les croyances bouddhistes, elle continue de jouer un rôle central dans la société contemporaine. Si vous voyagez au Cambodge pendant cette période, une visite dans les pagodes vous permettra de découvrir l’importance de ce rituel millénaire et d’apprécier la beauté de cette tradition spirituelle unique.